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[Invité] Une lettre de Monsieur De Groote...

La journée s’annonçait paisible. Les heures allaient s’égrener lentement dans le calme et la sérénité jusqu’à… ce coup de fil.

Oui, bonjour ? Vous avez décidé d’imprimer un journal relatant la vie et le quotidien du P.D.E. Bravo, superbe idée ! Quoi ? Moi ? Juste quelques mots… Réfléchis… Puis ne réponds pas tout de suite…

Et me voilà avec le syndrome de l’écrivain que je ne suis pas : la peur atroce de la page blanche.

Alors je songe aux derniers mots envoyés, il y a un quart de siècle, à « mes parents » lors de mon départ. « Une page, se tourne, un livre se ferme ».

Je n’ai eu aucun mal à retrouver ce bouquin dans ma bibliothèque aux souvenirs. Il est vrai que je ne l’ai vraiment jamais perdu de vue.

Comme hier, je me souviens de mon entrée au « Paradis ». J’allais y passer une décennie de ma vie.

La plus belle ? Je ne sais pas. Mais ce que je sais c’est que l’Ecole vous prend, vous accapare et ne vous lâche plus. Je n’irai pas vous vanter la qualité de son enseignement et de ses enseignants.

Vous l’avez choisie en connaissance de cause donc inutile d’en rajouter.

Des « flashes » me reviennent: les Classes de Neige (3 semaines à Albinen). Les départs à l’aube, à la gare du Midi; les retours au petit matin après la nuit en train couchettes. Les inévitables (oui, c’est vrai) abandonnés seuls sur le quai avec le dirlo. Bonjour, madame il ne vous manque rien ? Quoi ? Ils revenaient aujourd’hui ! Mon Dieu ! J’arrive…

Réception au bureau : petit déjeuner, croissants et… les larmes. « Mon pauvre chéri comment j’ai pu ! »

Autre anecdote tout aussi véridique : « La bouffe… était meilleure qu’à la maison » (sic) Bravo maman, la joie !

Ces souvenirs et tant d’autres me rapprochèrent un peu plus près de mes enfants. Car malheureusement l’essentiel de mon quotidien était consacré à l’administration et la gestion de l’imprévu. Gérer parfois l’impossible : absence d’un titulaire (pas de remplacement si pas 10 jours ouvrables d’absence – autant ne pas rêver – mission impossible) Mais que fait donc la Direction ?

En outre la gestion du personnel d’entretien, des garderies, des repas et cela sans pouvoir de décision pour pouvoir solutionner les problèmes.

Cela a toujours été pour moi un sentiment empreint de beaucoup de tristesse. Cette relative distance avec les enfants. Vu le nombre (près de 800 à l’époque) j’étais devenu un être abstrait plongé jusqu’au cou dans la paperasserie. Oui, j’en ai connu des « réformes » en général à chaque changement de ministre – comme si chacun devait immortaliser son passage par quelque décret.

Un des plus ahurissants – obtenir un document officiel prouvant que l’on était soumis à l’impôt.(donc : résident officiel) Pas de document en ordre = enfant non comptabilisé ! Bravo la foule indignée au bureau… Atteinte à la vie privée, je refuse, inquisition… Et mes gosses ? Ils sont là et n’auront pas d’enseignants ? Débrouille-toi Chef !

Ces petites et tant d’autres anecdotes n’ont pourtant jamais atteint mon enthousiasme, ma joie et ma fierté (oui, j’avoue) de diriger le P.D.E. J’y ai été heureux pendant cette décennie. Je pense modestement aussi que mon enthousiasme n’a jamais été pris en défaut. Le P.D.E était ma vie, j’y ai consacré beaucoup de temps mais vous Parents et surtout vous « mes enfants » me l’avez bien rendu.

Et c’est toujours avec un brin de nostalgie que je reviens, lors de cérémonies, humer un peu l’air tout particulier de « Mon école ». J’ai été un relais et je suis fier d’avoir pu passer le témoin à des successeurs habités par des principes identiques.

Alors… bon vent à l’initiative mais Daphnée si vous me sollicitez encore, n’oubliez pas que ma source risque de se tarir.

Ce fut une joie et un plaisir pour moi de participer au lancement du Journal.

J’espère simplement n’avoir été ni poncif, ni radoteur, ni… rien d’autre que je n’aie voulu.


Hubert De Groote.

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